La rentrée littéraire d'hiver !!!
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« Je viens sauver quelqu'un, se répétait-il, et maintenant qu'il se trouvait à deux heures de Prague, il sentait monter en lui une vive anxiété. »
Une échappée belle de Paris à Prague, d'un studio de radio à des ruelles hostiles, d'un cachot glacé à une académie de billard, d'une école de bonnes soeurs aux bureaux obscurs de la République.
Chacun des Pelletier, à son heure, devra choisir entre son intérêt et son devoir, et pour certains entre la raison du coeur et la raison d'État.
Un dilemme parfois déchirant, sauf pour le chat Joseph, qui lui a choisi depuis longtemps.
Passionnant, intense, bouleversant. Un grand roman de Pierre Lemaitre. -
Quinze ans après l'effondrement, le jeune Burl vit isolé avec ses deux mères, Eva et Nell. Pour éviter d'attirer l'attention, elles ont brûlé leur maison et se sont installées au coeur de la forêt. Non loin d'une grande souche, elles se sont construite une vie bien réglée. Pour se nourrir, Burl et ses mères chassent et cueillent. La danse, la musique et les récits qu'ils inventent au coin du feu rythment leurs journées. Protégées par leur chère forêt, Eva et Nell refusent tout contact avec le monde d'Avant. Mais Burl, lui, brûle de curiosité pour ces humains qu'il ne connaît que par leurs histoires. Une nuit de solstice, depuis le haut d'une montagne, il aperçoit une lumière qui pourrait être un feu d'origine humaine. En dépit du danger, il se met en tête d'aller à leur rencontre.
La suite du chef-d'oeuvre absolu de Jean Hegland, d'une maîtrise et d'une profondeur plus impressionnante encore. Si Nell et Eva ont marqué toute une génération, Burl sera le héros inoubliable de celle qui vient. -
Makatea, île oubliée du Pacifique, porte encore les stigmates de décennies d'extraction minière. Aujourd'hui, une entreprise américaine envisage d'y implanter sa base pour la prochaine grande aventure de l'humanité : la construction de villes flottantes. Mais la population est divisée.
Aux Etats-Unis, Todd Keane a révolutionné l'IA. Alors que la maladie ronge ses souvenirs, le milliardaire livre son ultime confession. Son histoire est liée à celles des habitants de l'atoll polynésien.
Personnages magnifiques, intrigue virtuose, souffle romanesque intact : Richard Powers est au sommet de son art. -
Dans un village modeste du Tamil Nadu, État du sud de l'Inde, Ponna et Kali, jeune couple de paysans, filent le parfait amour. Pourtant leur bonheur est mal vu car ils n'ont toujours pas conçu d'enfant. Ponna et Kali se sentent suffisamment comblés par leur union mais, face aux moqueries et humiliations croissantes, ils vont chercher une solution dans leur folklore, entre superstitions et offrandes. C'est alors qu'ils ont vent d'un festival dans un temple juché sur les montagnes, et d'une curieuse cérémonie qui pourrait peut-être les sauver... Considéré de nos jours comme l'un des plus grands auteurs indiens, Perumal Murugan signe ici un roman fascinant qui décrit dans un superbe décor la force d'un amour atypique malmené par la rigueur des moeurs de l'Inde rurale. En osant aborder le tabou de l'infertilité dans le couple, Femme pour moitié a fait scandale dès sa parution, et a plongé l'auteur dans une grande tourmente.
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Dans un service d'addictologie, Lara accompagne l'équipe qui soigne des adolescents drogués aux écrans. Il y a Julien, un collégien déscolarisé depuis trois ans, Lou, neuf ans, qui passe ses nuits sur son portable, ou Stefania, tétanisée à l'idée de sortir de chez elle.
Les failles de ces enfants sont pour Lara le miroir de ses propres addictions. Celles dont elle peut parler en riant, celles qui lui pèsent et qu'elle essaie régulièrement d'abandonner, celles plus honteuses qu'elle tait. Au fil des consultations, ses souvenirs refont surface.
Cinq ans plus tôt, Lara a eu une liaison avec son médecin. Pendant quelques semaines, elle s'est laissé prendre au piège, dans une frénésie de messages et de photos intimes. Jusqu'à perdre le contrôle.
Époque est un roman féroce et viscéral, celui d'une génération dévastée par les écrans. -
Le retour de l'auteur japonais le plus lu en France.
Evènement !!! Le grand retour du maître Murakami pour un roman éblouissant, dans la lignée de ses grandes oeuvres - Kafka sur le rivage ou 1Q84 - et sept ans après son dernier roman - Le Meurtre du commandeur.
Tu dis : " La Cité est entourée de hauts murs et il est très difficile d'y pénétrer. Mais encore plus difficile d'en sortir.
- Comment pourrais-je y entrer, alors ?
- Il suffit que tu le désires "
La jeune fille a parlé de la Cité à son amoureux. Elle lui a dit qu'il ne pourrait s'y rendre que s'il voulait connaître son vrai moi. Et puis la jeune fille a disparu. Alors l'amoureux est parti à sa recherche dans la Cité. Comme tous les habitants, il a perdu son ombre. Il est devenu liseur de rêves dans une bibliothèque. Il n'a pas trouvé la jeune fille. Mais il n'a jamais cessé de la chercher... Avec son nouveau roman si attendu, le Maître nous livre une oeuvre empreinte d'une poésie sublime, une histoire d'amour mélancolique entre deux êtres en quête d'absolu, une ode aux livres et à leurs gardiens, une parabole puissante sur l'étrangeté de notre époque.
Dans son nouveau roman qui a fait sensation au Japon, on retrouvera l'onirisme caractéristique de l'oeuvre de Haruki Murakami, dans la lignée de ses grands succès, Kafka sur le rivage, 1Q84, La Course au mouton sauvage, Au sud de la frontière à l'ouest du soleil, Le Meurtre du commandeur, Des hommes sans femmes, L'Incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage, Abandonner un chat, Première personne du singulier ou encore La Ballade de l'impossible. -
Attendue sur le plateau de La Grande Librairie pour parler de son livre, Le Consentement, l'autrice est appelée par la police pour venir reconnaître le corps sans vie de son père, qu'elle n'a pas revu depuis dix ans. Dans l'appartement de banlieue parisienne où il vivait, et qui fut jadis celui de ses grands-parents, elle est confrontée à la matérialisation de la folie de cet homme toxique, mythomane et misanthrope, devenu pour elle un étranger. Tandis qu'elle s'interroge, tout en vidant les lieux, sur sa personnalité énigmatique, elle tombe avec effroi sur deux photos de jeunesse de son grand-père paternel, portant les insignes nazis. La version familiale d'un citoyen tchèque enrôlé de force dans l'armée allemande après l'invasion de son pays par le Reich, puis déserteur caché en France par celle qui allait devenir sa femme, et travaillant pour les Américains à la Libération avant de devenir « réfugié privilégié » en tant que dissident du régime communiste, serait-elle mensongère ?
C'est le début d'une traque obsessionnelle pour comprendre qui était ce grand-père dont elle porte le nom d'emprunt, quelle était sa véritable identité, et de quelle manière il a pu, ou non, « consentir », voire collaborer activement, à la barbarie. Au fil de recherches qui s'étendront sur deux années, s'appuyant sur les documents familiaux et les archives tchèques, allemandes et françaises, elle part en quête de témoins, qu'elle retrouvera en Moravie, pour recomposer le puzzle d'un itinéraire plausible, auquel il manquera toujours des pièces. Comment en serait-il autrement dans une Tchécoslovaquie qui a changé cinq fois de frontières, de nationalité, de régime, prise en tenaille entre les deux totalitarismes du XXème siècle ? À travers le parcours accidenté d'un jeune homme pris dans la tourmente de l'Histoire, c'est toute la tragédie du XXème siècle qui ressurgit, au moment où la guerre qui fait rage sur notre continent ravive à la fois la mémoire du passé et la crainte d'un avenir de sauvagerie.
Dans ce texte kaléidoscopique, alternant fiction et analyse, récit de voyage, légendes familiales, versions alternatives et compagnonnage avec Kafka, Gombrowicz, Zweig et Kundera, Vanessa Springora questionne le roman de ses origines, les péripéties de son nom de famille et la mythologie des figures masculines de son enfance, dans une tentative d'élucidation de leurs destins contrariés. Éclairant l'existence de son père, et la sienne, à l'aune de ses découvertes, elle livre une réflexion sur le caractère implacable de la généalogie et la puissance dévastatrice du non-dit. -
- Alors qu'est-ce que vous faites dans la région, dites-moi un peu, s'inquiète le commandant Parker.
- Disons que c'est pour un film que je suis en train de tourner, indique Robert. Comme vous voyez.
- On ne m'en avait pas averti, regrette le commandant, mais voilà qui m'intéresse beaucoup. Et quel genre de film, au juste ?
- Toujours pareil, expose Robert, l'amour et l'aventure. Avec l'Afrique et ses mystères, vous voyez le genre.
- Ah oui, soupire le commandant Parker, je vois en effet très bien le genre. Et pour votre histoire d'amour, vous avez pris quelle actrice ?
- Céleste, dit Robert. Céleste Oppen. -
«Au moment où s'ouvre ce livre, je romps une promesse. Lorsque je l'ai faite, c'est idiot, j'étais sûre que je la tiendrais. Enfin, idiot, je ne sais pas. La moindre des choses, quand on fait une promesse, n'est-ce pas d'y croire ?» Que s'est-il passé avec son compagnon pour que la romancière Claire Lancel doive se défendre devant un tribunal ? Au fil du récit, elle raconte comment elle s'est peu à peu laissé entraîner dans une histoire faite de manipulations et de mensonges. Dans ce roman haletant comme un thriller, Camille Laurens questionne le narcissisme contemporain, l'absence d'empathie, et se demande comment sauver l'amour de ses illusions. Elle nous invite à le célébrer et à le vivre, au-delà des promesses trahies.
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Entre vagues et falaises, comme née du paysage, une femme apparaît au bord de la mer, portée par un chagrin plus grand qu'elle. Le livre raconte sa prise d'élan vers une autre version d'elle-même, une évasion : Marie, mère et sainte, s'affranchit ici doucement mais sûrement de l'iconographie qui la fige. Et de la liturgie qui lui coupe la parole. Elle se découvre aussi, à la rencontre des autres, de ceux - proches ou lointains, présents ou futurs - qui ne laisseront pas de traces ailleurs que dans la mémoire des vivants.
Le roman comme un affût. -
Prisonnier du rêve écarlate
Andreï Makine
- Grasset
- Litterature Francaise
- 2 Janvier 2025
- 9782246840152
Ce grand roman-destin retrace un demi-siècle d'histoire de l'Union soviétique et de la France à travers l'intense aventure humaine de Lucien Baert, jeune communiste français "prisonnier du rêve écarlate".
Arrivé à Moscou en 1939 pour découvrir la promesse d'un paradis sur terre, il connaîtra l'envers du décor : l'extrême cruauté du régime, les tortures dans les camps du Goulag, la sauvagerie de la guerre. Mais aussi la communion des âmes meurtries et l'amour d'une femme, Daria, avec qui il saura reconstruire leurs vies brisées.
Près de trois décennies plus tard, Lucien parvient à traverser le rideau de fer pour tenter de retrouver les siens. Mais ce revenant du grand Nord ne reconnait plus sa patrie. Comment pourrait-t-il se fondre dans le confort d'une "société d'estomacs heureux" et prendre au sérieux la révolution d'opérette de 1968 ? Lui faudra-t-il se renier, en effaçant son passé ? Ou bien tenter l'impensable retour à Tourok pour reconquérir son rêve de fraternité et son amour perdu ?
Un puissant roman sur la barbarie stalinienne et le rejet de l'hypocrisie occidentale, où s' exprime la foi dans une humanité digne de ce nom. -
Au printemps 2020, les trois filles de Lara retournent au verger familial dans le Nord du Michigan. Tout en cueillant des cerises, elles supplient leur mère de leur raconter l'histoire de Peter Duke, un célèbre acteur avec lequel elle a partagé à la fois la scène et une idylle l'été de ses vingt-quatre ans. Tandis que Lara se remémore le passé, ses filles examinent leur propre vie et leur relation avec leur mère, et sont amenées à reconsidérer le monde et tout ce qu'elles croyaient savoir. Empreint d'espoir, élégiaque, le neuvième roman d'Ann Patchett est une méditation sur l'amour - conjugal, de jeunesse - et les vies que les parents ont menées avant la naissance de leurs enfants.
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Adrian Ramsay est «oreille d'or» à bord d'un sous-marin nucléaire de la Royal Navy. Isolée du reste du monde, la jeune femme est chargée d'écouter et d'identifier les bruits des profondeurs.
Jusqu'au jour où, par l'un de ces hasards que sait faire surgir l'existence, elle rencontre Abel Lorca. Il est aveugle et vit dans une maison loin de tout, au bord de la mer, en Bretagne.
Une intense passion amoureuse, dévastatrice, naît entre eux, une passion qui les mènera des rivages de l'Atlantique à ceux de la Méditerranée, là où tout a commencé.
Emmanuelle Favier renoue, de sa plume magnifiquement ciselée, avec la veine romanesque du Courage qu'il faut aux rivières. -
Quand la terre était plate
Jean-Claude Grumberg
- SEUIL
- La Librairie Du Xxie Siecle
- 3 Janvier 2025
- 9782021578706
« Je m'aperçois à quel point il est difficile de raconter une histoire vraie, surtout quand on ne la connaît pas. »
Comment écrire quand les protagonistes d'un récit ont disparu ? Jean-Claude Grumberg rassemble son absence de souvenirs, les rares histoires racontées par Suzanne, sa mère, et les récits parcellaires arrachés à Maxime, son frère aîné.
En revenant sur la vie de Suzanne, née à Paris en 1907 de parents originaires de Brody en Galicie (aujourd'hui en Ukraine), ce sont deux guerres mondiales et un siècle de soupçons, d'expulsions, d'exils et pogroms qu'il retrace, à sa manière si singulière, pointant l'absurdité sous l'horreur. C'est le portrait d'une femme qui élève seule ses deux fils lorsqu'elle comprend que leur père, Zacharie, ne reviendra pas d'« on ne sait où ».
Tout l'art de Jean-Claude Grumberg dans un récit bouleversant, aussi tendre que cruel. -
Les terres indomptées
Lauren Groff
- Éditions de l'Olivier
- Litterature Etrangere
- 3 Janvier 2025
- 9782823621518
« Sa capuche tombait bas sur son visage, frêle était-elle, osseuse, menue, telle une enfant, réduite par la faim à presque rien, à sa racine, ses nerfs, ses fibres, ses tendons. Bien qu'affamée et aveuglée par les ténèbres, elle était vive. »
Une jeune fille semble perdue au coeur de la forêt la plus obscure. Nous sommes au XVIIe siècle, dans un territoire qui deviendra les États-Unis. Elle vient de s'échapper, elle court loin de la servitude et des brimades. Maintenant, il faut survivre.
Dans ce conte sauvage, une fille sans avenir s'affirme en désobéissant, pour devenir au gré des épreuves une véritable héroïne. Les terres indomptées est un grand roman d'aventures, haletant, lyrique, porté par une écriture en état de grâce. -
Ce récit aurait pu s'intituler "Le Livre de mon Père". Frédéric Beigbeder part à la découverte de Jean-Michel Beigbeder (1938-2023), dont il fait un vrai personnage de roman, à situer entre Roger Martin du Gard et Ian Fleming : « c'était un Français qui s'est cru Américain alors qu'il était Anglais ».
Il tente de comprendre cet homme solitaire et secret, fils d'une américaine et d'un béarnais, qui se qualifiait lui-même de "solipsiste". Une enfance dans un pensionnat militaire catholique, l'abbaye-école de Sorèze, puis après les « kapos à chapelets » de Sorèze, chez les frères marianistes de la Villa Saint-Jean à Fribourg, l'a endurci à vie. À peine majeur, il a fui son pays natal pour apprendre le management à Harvard Business School. Au début des années 1960, il a importé en France le métier de "chasseur de têtes" (executive search), « plaçant » tous les dirigeants du CAC 40 (ou presque), durant cinquante ans. Ou les débauchant (« la guerre économique est la seule dont les déserteurs sont récompensés »). A moins que cette activité prestigieuse, le conduisant à voyager dans le monde entier et à tisser des réseaux dans toute ce que la France de l'époque comptait de « décideurs », n'ait été une parfaite couverture pour des activités d'honorable correspondant de la CIA ?
Ce tombeau d'un père brillant et absent est aussi le portrait d'une génération de jouisseurs. Ces hommes seuls que l'on appelle aujourd'hui les "boomers" ont forgé leur égoïsme pendant la Seconde Guerre mondiale. Le confort fut leur idéologie, le luxe leur utopie, le divorce leur fatalité, l'Amérique leur horizon. Ils n'étaient pas faits pour être des pères de famille. À la fois philosophe pessimiste et playboy de la jet-set, Jean-Michel Beigbeder a épousé le XXème siècle, ses plaisirs, sa mondialisation et ses errements.
Son fils contemple avec sensibilité la disparition d'un homme qui symbolise aussi l'écroulement d'un monde, et profile en creux son autoportrait au miroir de ce père si fraichement disparu, dont il peut enfin faire la connaissance... -
Sur le tabouret que Sully occupait au bar du Horse est désormais assis son fils Peter, professeur d'université encore aux prises avec cet héritage écrasant lorsque son propre rejeton, Thomas, refait surface après des années de séparation. C'est aussi au Horse que Doug Raymer, ancien chef de la police de North Bath, et Charice Bond, fraîchement nommée à la tête de la police de Schuyler, se retrouvent un samedi soir après la découverte d'un corps en décomposition dans la salle de bal du Sans Souci, hôtel abandonné situé à la limite entre les deux villes. Au Horse, toujours, que Janey fait des extras pour arrondir ses fins de mois et sortir de l'ornière. Ne serait-il pas temps de mettre fin à ses relations toxiques avec les hommes et de pardonner à sa mère, Ruth, son ancienne liaison avec Sully ? Tandis que dehors un ballet de chasse-neige, de dépanneuses et d'ambulances sillonne la ville, tout ce petit monde se demande qui a bien pu disparaître sans que personne s'en rende compte. Troisième volet d'une trilogie initiée avec Un homme presque parfait et À malin, malin et demi, Le Testament de Sully, imprégné de l'humour cinglant et de la tendresse infinie pour ses personnages qui ont fait la réputation de Richard Russo, achève le portrait d'une Amérique qui a du plomb dans l'aile.
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Théo rencontre Léa sur un stand de tir à vingt-cinq ans. Elle est d'origine juive, il est breton, ils s'aiment et cette différence scelle leur destin comme une alliance nécessaire. Élevé dans la culpabilité de la Shoah, Théo choisit aussi Léa pour apurer la dette et être un mensch (en yiddish, un type bien) à ses propres yeux. Vingt-cinq ans plus tard, il n'en est plus de même. Leur union vient buter contre la situation politique française et internationale, les guerres du Proche-Orient, l'attaque du 7 octobre, Gaza et ses innombrables morts, l'inflexibilité israélienne, les agressions antisémites. Théo ne comprend plus Léa, en particulier au sujet d'Israël qui traverse à présent leur histoire comme une ligne de fracture, explose entre eux tel un bouchon qui saute. À l'image de ce qui se passe en Europe et dans le monde. Léa est en guerre et dans cette guerre, Théo ne trouve plus sa place, à moins de se laisser happer par le puits de souffrance qui s'ouvre dans sa propre maison. C'est alors que Théo rencontre Maya, une jeune artiste libanaise qui lui fait découvrir un Orient sauvage et blessé. Théo tombe amoureux, Théo revit, Théo bascule de l'autre côté du conflit. De Léa à Maya, Théo fait l'expérience d'une altérité qui scintille comme une pierre précieuse et coupante, une chose désirable et difficile. Mené comme une romance rapide, mélo ou conte cruel, Toutes les vies de Théo force le trait. À travers les yeux de Théo, le roman aborde le sujet délicat des unions mixtes et des amours qui font alliance contre le mal mais que le mal rattrape. Il raconte aussi les identités qui s'affirment en s'opposant et les autres, celles qui regardent la caravane passer en ne sachant plus quoi penser.
Vingt ans après Les Manifestations (Folio, 2016), Nathalie Azoulai explore les méandres d'une judéité à la française qui serpente entre des amitiés et des amours où elle est mise à rude épreuve, notamment par temps de guerre et de crise. -
Au coeur de Tokyo, la Gaijin House : une pension bohème réservée aux étrangers. Voyageurs, expatriés et paumés s'y rencontrent au hasard de leurs pérégrinations, parfois d'un accident de parcours. Il y a là Camille, jeune épouse en fuite qui ignore tout d'elle-même, Flavio, l'érudit solitaire, Lénine qui s'invente des vies. Ensemble, ils tissent les fils d'une existence commune, oscillant entre le désir de s'ancrer et la peur de l'avenir.
Portée par une écriture magnétique, Émilie Desvaux explore un Japon hors des sentiers battus. -
Un roman basé sur des faits réels qui lève le voile sur l'histoire et le sort réservé au peuple sami.
1950, Suède. Elsa-Maj n'a que sept ans lorsqu'elle est retirée à sa famille, forcée de quitter son village sami au nord du pays, et envoyée dans une école pour nomades. Elle y rencontre Jon-Ante, Marge, Ann-Risten, Nilsa et d'autres enfants d'éleveurs de rennes contraints, comme elle, de renier leurs origines et leurs traditions. Contraints de ne plus parler leur langue et de se plier au bon vouloir de la directrice, sous peine de recevoir les pires châtiments. Car, dans cet internat, c'est la " sorcière " qui règne et impose ses lois.
Des années plus tard, chacun a tracé son chemin et construit sa vie à sa façon. Mais peut-on vraiment laisser derrière soi les blessures du passé et de l'enfance ?
Après le phénomène international Stöld , adapté en film par Netflix, Ann-Helén Laestadius revient avec un nouveau roman bouleversant sur le poids du passé, des secrets et de la violence, mais aussi l'espoir d'une seconde chance. -
" Je vous demande de vous mettre à notre place. Un instant. Rien qu'un instant. Votre enfant vient vous raconter l'humiliation, la persécution, le bannissement. C'est votre fils, votre fille, il a douze ans, elle en a huit ou quatorze. C'est la chair de votre chair, ce que vous avez de plus précieux au monde. C'est l'être que vous devez protéger, défendre, soutenir, aider à grandir. Et il vient vous avouer cela. Vous y êtes ? Vous la devinez, votre stupéfaction ? votre culpabilité ? votre douleur ? votre colère ? Ça vous envahit, pas vrai ? ça vous submerge, ça vous dépasse, ça vous anéantit. Et ça, ce n'est que le début. Que les toutes premières minutes. "
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En février 1914, le prince Félix Youssoupoff épouse la très belle Irina Romanova, la nièce du tsar Nicolas II. Entre autres joyaux composant sa corbeille de mariage, il lui offre un bandeau de diamants d'une étonnante modernité, le Triple Soleil. Après l'effondrement du régime tsariste en 1917, le couple princier doit fuir la Russie et s'exiler en France. Félix Youssoupoff a fait cacher sa collection de bijoux sous un des escaliers de son palais moscovite. En 1925, il découvrira dans la presse une photographie des bolcheviks occupés à démanteler ce trésor. Le diadème Triple Soleil, encore intact, se trouve au centre de la table. La scène illustre le contraste fascinant entre la splendeur des bijoux de haute joaillerie et leur destin commun : le plus souvent, ils disparaissent dans des conditions tragiques. Véritables attributs du pouvoir, ils sont indissociables des soubresauts de l'histoire et des turpitudes des grands. À partir des archives de la maison Chaumet, Laurence Cossé fait revivre des figures brillantes de l'Empire à nos jours dans un jeu de récits aussi documentés que romanesques.
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" Le métier de publicitaire a beaucoup à voir avec mes activités extraprofessionnelles. Dans les deux cas, je mets en scène, j'invente un contexte, un cadre, pour décomplexer une pulsion, consumériste dans un cas et sexuelle dans l'autre. "
À 24 ans, Paloma Madar est conceptrice-rédactrice pour le département luxe d'A.T.K., prestigieuse agence publicitaire. Elle apprend les ficelles du métier sous la houlette de son responsable, le charismatique et singulier Benjamin Esposito.
Le soir, entre rencontres sans lendemain et amants épisodiques, elle consomme les hommes à l'envi.
Mais l'ambiance s'envenime au sein de l'agence quand son mentor adulé est accusé de harcèlement sexuel.
Paloma se trouve alors aux prises avec un dilemme qui provoque chez elle une remise en question existentielle. -
Embarquez pour une incroyable épopée au milieu des mers déchaînées !
1740. Le vaisseau de guerre royal Le Wager a été envoyé en mission secrète pour piller les cargaisons de l'Empire espagnol en Amérique du Sud. Mais il fait naufrage après avoir passé le cap Horn. Une poignée de malheureux survit sur une île désolée au large de la Patagonie. Cannibalisme, meurtres, mutineries : leur vie devient un enfer, tandis que trois groupes s'affrontent sur la stratégie pour rejoindre le Royaume-Uni. Alors que tout le monde croyait que l'équipage avait disparu, le premier groupe de 29 rescapés réapparait au Brésil 283 jours après la catastrophe maritime. Mais une fois rentrés en terres anglicanes, commence alors une autre guerre, des récits cette fois, afin de sauver son honneur et sa vie face à l'Amirauté et au grand public.
Journaliste au New Yorker, David Grann est l'auteur de The White Darkness, La Cité perdue de Z et Le Diable et Sherlock Holmes, disponibles chez Points.