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Artdif
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Life before thinking ; sur les pas du peintre Ahmed Yacoubi
Latifa Serghini
- Artdif
- 1 Juin 2016
- 9789954364635
Qui est Ahmed Yacoubi? Sait-on aujourd'hui que ce peintre marocain disparu en 1985, qui a partagé sa vie entre son pays et les États-Unis, est l'un des pionniers de la peinture au Maroc? Life Before Thinking est un récit de vie qui permet de découvrir ce peintre de talent, autodidacte et illettré qui a vécu, pense et créé en être libre. Paul et Jane Bowles ont été les " découvreurs " de Yacoubi, Francis Bacon son ami et maître, Tennessee Williams le spectateur engage et complice de la relation Bowles-Yacoubi. Le peintre a connu a Tanger nombre d'artistes et d'intellectuels prestigieux: Robert Rauschenberg, Truman Capote, William Burroughs, Allen Ginsberg, Mohamed Choukri et bien d'autres, témoins de son itinéraire singulier. Le personnage est attachant et romanesque, sa vie une aventure surprenante, mêlant marginalité et mystique, talent et reconnaissance internationale, dans l'apocalypse joyeuse du Tanger des 1950. Plus a la manière d'un récit de rencontres ou d'un carnet de voyages que d'une biographie classique, cet ouvrage vise, a restituer une voix a celui qu'on a parfois trop vite oublié.
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Si Mohammed Hamri (1932-2000) est relativement connu au Maroc, sa biographie le désigne avant tout comme artiste peintre. Mais l'homme est loin de se réduire a cela. Saltimbanque, vagabond et contrebandier du rail dans les années 1950, sa jeunesse se dilue dans un espace culturel confisqué, livré a la nécessité et la précarité, ne laissant place qu'à la lutte pour la survie par tous les moyens. Il devient alors, et simultanément, peintre, businessman agite et décrié, cuisinier hors pair, manager de la troupe des Maitres musiciens de Joujouka, dont il assure la renommée internationale. «Clochard céleste» de la Beat Generation au Maroc, aux côtés de Brion Gysin, William Burroughs, Timothy Leary, les Rolling Stones, Ornette Coleman, et d'autres, il a contribué au rayonnement de la musique populaire, a son métissage et son enrichissement a travers l'ouverture au monde. Il a exercé sa liberté sans réserve, s'est battu obstinément et effrontément pour réussir en autodidacte. Ce récit de vie retrace le destin de cet homme-orchestre qui a inventé sa vie, en offrant beaucoup a sa région, puis au Maroc. Il mérite l'hommage que l'on se doit de réserver aux passeurs qui ont fait oeuvre, porteurs d'un «héritage invisible».
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Pendant 22 années de 1966 à 1988, la revue Lamalif a accompagné, suivi, soutenu, participé à l'activité culturelle du Maroc. C'était une époque particulièrement intéressante dans la mesure où la fermeture politique et le virage économique qui devaient l'un et l'autre se confirmer étaient accompagnés, curieusement, par une intense activité culturelle, une floraison de la peinture, un maintien et un essor du théâtre, les débuts balbutiants du cinéma et encore et toujours des débats passionnés sur la littérature, la langue, l'expression, l'écriture...
C'est qu'une culture était en train de naître sur les décombres d'un passé soit rejeté soit encensé et d'une dépendance culturelle née de la colonisation, combattue mais prégnante. L'accouchement qui en résultait était fait de débats passionnés, d'inquiétudes et d'espoirs, d'interrogations, de confrontations qu'aujourd'hui il est passionnant de redécouvrir.
L'ouverture qui avait donné naissance aux évolutions et interrogations, on la retrouve dans ces pages, dans ces débats fougueux et passionnés, dans cette richesse de la créativité artistique que l'on a peine à imaginer, mais qui ont existé et dont cet ouvrage rend témoignage.
« Il faut vivre et témoigner, même si l'histoire nous paraît brusquement méconnaissable, même si une compulsion de répétition semble diaboliquement à l'oeuvre, même si le découragement guette à chaque détour, ...il faut être à l'écoute de son temps... » disait Abdelkédir Khatibi. Ce livre est donc un témoignage.
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En -25 avant JC, le Royaume de Numidie (approximativement le Maroc actuel), est dirigé par un roi, Juba II, devenu une légende. Intellectuel, il écrivit de nombreux livres d'histoire, savant, il réalisa des explorations, dont celle des Canaries, qui sont restées dans les mémoires, érudit, il reçut à Athènes (il écrivait en grec) les honneurs pour son savoir encyclopédique, prince fastueux et grand collectionneur, il vivait entouré d'artistes. Bâtisseur et mécène, c'était aussi un homme de paix qui sut faire régner la paix et la prospérité dans son royaume. Esprit curieux et inventif, il remit en marche d'anciens ateliers monétaires, créa une industrie de la salaison à Lixus, installa des ateliers de pourpre gétule au large d'Essaouira, mena des études sur l'euphorbe de l'Atlas et développa la culture de la canne à sucre, des hévéas, et de l'huile d'olive dans un pays qu'il tint, autant que faire se peut, à l'abri des intrigues et des appétits romains. Son fils, Ptolémée, né de son mariage avec Séléné, fille de la grande Cléopâtre et de Marc Antoine, n'aura pas cette chance : il sera assassiné par son neveu jaloux, Caligula, et le Maroc tombera alors sous la férule romaine. Juba II est donc un moment exceptionnel de l'histoire riche et méconnue du Maroc pré-islamique. Il méritait un ouvrage qui restitue sa mémoire.
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En 1872, le Maroc est soumis à de fortes pressions européennes, juridiques, financières, diplomatiques, qui vont, quelques décennies plus tard, aboutir au Protectorat. C'est à ce moment que débarque à Tanger Emily Keene, une jeune anglaise bien née, romantique et aventureuse, qui, quelques mois plus tard va épouser Moulay Abdesselam, celui que l'on appelle le grand chérif d'Ouezzane, qui vit à l'égal d'un prince et que les Français s'efforcent de placer en concurrence avec le sultan. Après onze ans de bonheur conjugal et deux enfants, le chérif devient la proie des manoeuvres coloniales : des individus sans scrupule, qui veulent mettre la main sur sa fortune et, sachant ses différends anciens avec le sultan, l'utiliser politiquement pour accélérer le déclenchement du protectorat, l'accablent de promesses et parviennent à ébranler sa raison. Imperturbable, légaliste, imperméable à toutes les manoeuvres politiques, Emily, qui a introduit la première au Maroc la vaccination, voyage, soigne et résiste. Avant et après la mort du chérif, en 1892, elle tient son rang, dont elle est fière et qui lui importe par-dessus tout. Elle dirige d'une main de fer, une grande maisonnée constituée d'enfants et de nombreux petits enfants. Tout en ayant vacciné cinquante mille personnes et laissé en 1911, un témoignage ethnographique sur le Maroc de la fin du XIXe siècle et du début du XXe. Au terme d'un parcours exceptionnel, elle s'éteint en 1941 à Tanger où elle a vécu soixante dix ans, témoin d'une époque charnière, ayant connu les règnes de six sultans successifs, de Mohamed Ben Abdallah à Moulay Youssef, traversé deux guerres mondiales et connu tous les bouleversements économiques, scientifiques et politiques d'années décisives, tant pour le Maroc que pour le monde.