À l'occasion du centenaire de la publication du Grand Meaulnes, les Éditions Bleu autour, établies non loin d'Épineuil-le-Fleuriel (Cher) où se noue l'intrique du roman d'Alain-Fournier, font paraître une édition critique et illustrée de cet ouvrage devenu mythique. Préfacée par Tiphaine Samoyault, universitaire, critique littéraire et romancière, dirigée par Bernard Stéphan, journaliste et essayiste, cette édition, sans prétention savante, apporte des éclairages multiples et inédits sur ce texte qui prend un nouveau relief mais dont la magie demeure.
Salué par Henry James comme par J.-L. Borges, traduit en des dizaines de langues, Pêcheur d'Islande , paru en 1886, est le plus célèbre des livres de Pierre Loti. Mais se rappelle-t-on bien la force que recèle ce grand roman « breton » ? C'est une véritable tragédie de la mer qui s'y joue. Elle s'ancre dans la peinture réaliste et fantastique d'un métier et d'une région alors mal connus.
Elle met aux prises des personnages de passion dont la violence fait écho à de puissants paysages et aux tourments de la propre existence de l'écrivain. Du grand art, soulignent les préfaciers Bruno Vercier et Alain Quella-Villéger, qui ont dirigé cette édition assortie d'éclairages nouveaux et d'une iconographie souvent inédite.
publié ici dans sa version originelle, bug jargal est le premier roman de victor hugo, qu'il a écrit à l'âge de seize ans.
il y relate la révolte, en 1791, des noirs de saint-domingue et y dénonce l'esclavage. ce texte à résonance sociale contient déjà en germe l'oeuvre future de victor hugo. il constitue aussi un précieux témoignage sur la vie et les préoccupations d'un adolescent de génie. c'est ce que souligne françois graveline dans la présentation de cet ouvrage, le premier d'une série de textes anciens choisis par des écrivains contemporains.
Ce livre est une joyeuse rencontre. Il part de l'invitation faite par le photographe et écrivain-voyageur Luc Baptiste à la romancière et nouvelliste Marie-Hélène Lafon de folâtrer sur un chemin d'images composé pour elle. Des images saisies chez elle, dans la haute vallée de la Santoire (Cantal), mais ailleurs aussi : Grèce, Jordanie, New-York, Vichy...
Marie-Hélène Lafon, qui sait Luc Baptiste « né loin » comme elle, a voulu ce jeu avec lui.
Dans les blancs qu'il lui offre, entre paysages rêches et entassements urbains, bêtes au pré et silhouettes d'enfants, vestiges de pierre et portraits peints sur les murs, elle est en elle et avec lui, elle se retourne sur son pays et se déporte.
L'attaque du roman est bénie : "Ce fut en allant voter Pompidou que Frère Grégoire rencontra le péché". Diable ? : désobéissant au supérieur de son abbaye bour-bonnaise, il vote communiste puis part vivre d'amour et de saint-pourçain frais. Pour autant, Grégoire Quatresous, ci-devant ouvrier agricole, ne jette pas sa vocation aux orties ? : dans la joyeuse langue du cru, il célèbre les bienfaits divins d'ici-bas, allant jusqu'à fonder une abbaye rabelaisienne.
Et toute une France rurale et gaillarde, rétive au satané progrès, reprend vie. "Ce trappiste à bonne tête de Bourvil, a écrit Brassens, La Fontaine et Marcel Aymé l'auraient aimé comme un frère". Alors relisons cette fable drôle, cette farce épique, ce trésor aujourd'hui oublié de littérature populaire. Et rendons grâce à René Fallet.
Pierre, le prénom adopté par l'officier de Marine Julien Viaud (1850-1923) pour compléter son nom de plume Loti, a pu être emprunté à l'athlétique matelot Pierre Le Cor, alias Yves Kermadec, son grand ami, son « frère » Yves...
L'écrivain fait oeuvre pionnière d'autofiction avec ce récit, paru en 1883, qui annonce Pêcheur d'Islande (1886), son autre roman breton. Avant Mac Orlan ou Jean Genet, il apporte sa pierre à la mythologie de la mer et des ports, Brest en tête. L'alcool, souvent, coule à flots dans ses « histoires de la vie ». Tiraillé entre la règle et l'instinct, l'excentrique officier Loti est fasciné par un renard tatoué sur la peau d'un marin, par des matelots qui dansent entre eux « comme des animaux à l'état libre », par Yves qu'il tire de l'ivresse.
C'est un roman un peu fou et palpitant, sombre et gai, aux personnages puissants. Sans doute le plus surprenant de son auteur. « Les histoires de la vie, écrit-il à sa toute fin, devraient pouvoir être arrêtées à volonté comme celles des livres... »
«?Je suis dans la grotte des Fées !!!?» Ce cri de victoire, fin 1867, ouvre une lettre du docteur Bailleau. Il vient d'obtenir l'autorisation, dont il s'était jusqu'ici passé, de la fouiller. Puis il exhume des ossements fossiles et silex à foison, bientôt une rare défense de mammouth... Le site est si exceptionnel que Châtelperron, le village de l'Allier où il se trouve, donnera bientôt son nom à une culture de transition entre l'Homme de Néandertal et Homo Sapiens, le Châtelperronien.
Exceptionnel est aussi le riche Journal, illustré de croquis, qu'a tenu le savant bourbonnais de 1866 à 1907. Ses « pérégrinations archéologiques » sont ici émaillées de ses vivantes correspondances avec ses pairs de province et avec le musée des Antiquités nationales créé en 1862 à Saint-Germain-en-Laye, l'actuel musée d'Archéologie nationale. Ensemble, elles forment un témoignage sans équivalent sur les débuts de la Préhistoire française.
Éclairés par Raphaël Angevin, ces écrits inédits se font l'écho de débats scientifiques et d'échanges de collections. Également de la guerre de 1870 qui marque un tournant dans le parcours de G.-J. Bailleau. Ce curieux de tout se penche alors sur des villae romaines et bien d'autres vestiges aux confins du Bourbonnais et de la Bourgogne. Mais, au-delà de l'archéologie, il s'intéresse aussi à la nature, à tout ce que la Terre porte et a porté. Voici mise au jour la figure du découvreur de la Grotte des Fées, celle d'un homme opiniâtre, bourru et attachant qui, depuis sa province, a durablement marqué la science.
Après Je ne parle pas la langue de mon père et L'arabe comme un chant secret qui donnent la clé de son oeuvre, le troisième volet, le plus tendre et le plus violent, de la trilogie autobiographique de Leïla Sebbar. Pour la première fois, elle ose, outre-mort, une adresse directe à son père Mohammed dont le silence l'a tenue à distance de son roman familial qu'elle écrit dans la langue de sa mère, le français.
Sans fin elle l'interroge, et il ne parle guère. Elle rit, elle pleure, elle tempête. Et elle cherche. Dans ses souvenirs d'enfance algérienne, dans les photographies qu'il a prises, dans les lettres qu'il a écrites à sa femme depuis la prison pendant la guerre... L'alchimie de la littérature opère : nous sommes tous, peu ou prou, des exilés des romans familiaux de nos parents.
Lors d'un voyage en train, dans un pays européen qui n'est pas le sien, un auteur voit le passager qui s'installe face à lui se plonger dans un de ses livres.
Coïncidence ? Silence, la queue du chat balance...
N'était-ce pas plutôt inscrit, voire déjà écrit ?
Le narrateur interroge l'auteur qui devient personnage, et, par petites touches, comme dans un jeu, se déploient les mille et une variations d'une histoire indémêlable :
Celle des relations de l'auteur à ses oeuvres et à leurs traductions, de la réalité au conte et à la fiction, de l'écriture à la lecture...
C'est un joyeux dédale, du même type que D'une bibliothèque l'autre, « merveilleux petit livre » selon son préfacier Alberto Manguel, alter ego d'Enis Batur.
De 1870 à 1872, à la faveur d'escales sur les côtes américaines, le jeune officier de Marine Julien Viaud découvre « les débris de la race indienne » en Nouvelle-Écosse, les Basques d'Uruguay, des tribus perdues de la T erre-de-Feu, les belles Carmencita de Valparaiso, la fête à San Francisco... Curieux, ardent, il dessine gens et paysages, prend des notes, publie ses premiers articles qui annoncent le grand Loti.
Bien plus tard, en 1912, la première mondiale de La Fille du ciel, sa pièce «chinoise» coécrite avec Judith Gautier attire l'auteur d'Aziyadé pour six semaines à New York, cette « Babel effrénée » dont il se plaît à rapporter la vision pleine d'ironie d'un « Oriental très vieux jeu ».
Nées en France après 1962, ils écrivent leur mémoire de l'Algérie familiale.
La première célébration, en 1890, du 1er mai en France eut lieu sous haute surveillance policière. Une petite ville échappe : à Vienne, en Isère, surgit le spectre de l'anarchie, de la « foule » hors contrôle, hommes, femmes, enfants... La grève éclate, le maire est malmené, le commissaire «?abîmé?», une fabrique de drap pillée. Un mot flamboie?: «?Prenez, c'est à vous?!?» L'avant-veille, deux orateurs de renom étaient venus chauffer les esprits?: Louise Michel et Alexandre Tennevin, un cogneur.
Tennevin et les «?meneurs?» locaux, Pierre Martin en tête, sont condamnés en août par la cour d'assises de Grenoble. Louise Michel, écartée du procès, déclarée folle, menacée d'internement, se multiplie d'autant plus par la parole et par la plume (conférences, mémoires, romans, poésie...).
Qui, de l'accusateur ou des accusés, tient la sellette ? Qui définit l'événement?? Émeute?? Révolution?? Affirmation du «?droit à l'existence?», première lueur du «?banquet de la vie?» pour tous?? «?Les bêtes du bois peuvent boire à la source, on fera de même?» (Louise Michel).
Qui pèse les faits et les valeurs?? Qui pose les mots - quels mots, avec quelles images, quels rythmes?? Au procès, puis par les écrits, c'est tout un art anarchiste de l'éloquence qui se déploie, un style, un souffle. Au-delà, à travers la mémoire, les récits et les recréations (Pierre Martin, Élisée Reclus, Louise Michel...), le sens et l'épopée s'élaborent, la société, la nature et la justice se réinventent.
Claude Rétat accompagne cet essai d'un dossier de textes & témoignages (brochure des anarchistes sur le procès de 1890, presse, dossier judiciaire et autres archives, parmi lesquelles les rapports de police sur les conférences de Louise Michel) et d'une riche iconographie.
PARIS, 13e, 19 JUIN 2010. Brocante boulevard Blanqui.
Le couple a abandonné sa place aux brocanteurs. 11 HEURES. Elle me demande une cigarette près de la BNP Paribas. Je ne fume pas. Elle se dirige vers le passant suivant. 17 HEURES. Ils dorment tête-bêche contre la bâche de la brocante. Elle, la jambe gauche repliée couverte d'un bas résille, l'autre non. Lui, couché sur le côté droit, la main gauche glissée dans son jean à elle, au creux des fesses.
21 JUIN 2011, 11 HEURES. C'est l'été. L'un est assis en tailleur. L'autre, allongée en odalisque, sa position favorite. Il roule une cigarette, longuement. Elle s'impatiente. Il l'allume, la lui donne.
10 SEPTEMBRE 2011. Seul sous le viaduc, agenouillé devant une canette STRONG, comme en prière, il ne bouge pas. Où est-elle ?
Un recueil de récits et nouvelles pour partie inédits où Leïla Sebbar nomadise avec Isabelle, son héroïne, sa muse, Isabelle Eberhardt, la jeune Russe devenue Isabelle l'Algérien qui, elle, connaît l'arabe, se convertit à l'Islam, se marie avec le spahi Slimène, chevauche dans le désert, fréquente les lieux des hommes - la mosquée, le café maure, parfois le bordel - et disparaît à vingt-sept ans dans la crue d'un oued...
Isabelle relie les deux rives de la Méditerranée, les deux versants de l'identité croisée de Leïla Sebbar qui ne parle pas la langue de [son] père, elle la révèle à ellemême au fil de ses livres, elle lui redonne son Algérie perdue. Leïla Sebbar & Isabelle Eberhardt, c'est toute une histoire, comme un roman sans fin que décrypte une troisième lettrée, Manon Paillot.
Après avoir sillonné l'Europe de l'Orient- Express, Valery Larbaud (1881-1957) revient au pays de son enfance et donne Allen (1927), « voyage par la route, de Paris au centre de la France », « dialogue sur la vie des provinces françaises », « éloge du Bourbonnais » et hymne prémonitoire à l'Europe des villes et des petits « États », de l'art et de la liberté.
Un petit livre ô combien moderne et « larbaldien », qui, comme le Bourbonnais, ne se dévoile pas de prime abord et s'avère un grand texte littéraire où se perdre.
En témoigne cette réédition richement commentée et illustrée, guide à plusieurs voix de ce précieux récit de voyage et de sa suite inédite, Espérance, qu'éclairent aussi des gravures de Paul Devaux. Elle donne le goût d'une prose phare du XXe siècle.
Après Pierre Loti dessinateur , un nouveau et passionnant carnet de voyages qui révèle le talent de photographe de cet artiste polymorphe et ra£ né. Car l'ensemble de l'oeuvre photographique de Loti n'avait encore jamais fait l'objet d'un beau livre. Pourtant, cette oeuvre est foisonnante.(plus de mille clichés, dont les meilleurs, environ cinq cents, fi gurent ici), aboutie.(Loti fait montre d'un sens aigu du cadrage), vivante (ses images fourmillent de gens), édifi ante (elle témoigne d'une époque, les confi ns des XIXe et XXe siècles, principalement à Istanbul, en Perse, en Inde et en Extrême-Orient, et inspirée.(comme dans son oeuvre dessinée, le reporter cède souvent le pas au portraitiste, au romantique, à l'enfant tôt pénétré de l'évanescence des choses qu'il n'a jamais cessé d'être).
La complainte criminelle narrait un fait divers marquant sur un air connu et donnait lieu à publication d'une feuille volante illustrée, ou «canard sanglant». Elle a connu son âge d'or de 1870 à 1940, puis s'est effacée derrière la radio et la télévision. Écrite par des auteurs le plus souvent anonymes et chantée à voix nue par ses colporteurs, elle exprimait l'horreur des crimes du temps pour mieux la mettre à distance.
Cet ouvrage est le premier qui donne à lire, voir et entendre (via une clé USB) cette production populaire. En même temps qu'il décrit son histoire, il éclaire d'un nouveau jour des affaires connues (Landru, Stavisky, Dreyfus...) ou méconnues. Et il donne à réfléchir sur le traitement actuel du fait divers qui envahit les réseaux sociaux et n'est plus jamais chanté...
" qui voudra jamais épouser une négresse ? " ces mots foudroient ourika, silencieuse derrière un paravent.
elle a douze ans, c'est d'elle qu'on parle avec inquiétude. jusque-là, rien ne l'avertissait que sa peau noire pourrait l'empêcher d'être aimée. sauvée enfant de l'esclavage, la petite sénégalaise avait été confiée à une aristocrate française qui l'élevait comme son petit-fils. un frère, plus qu'un frère pour ourika qui, soudain, se voit " condamnée à être seule, toujours seule ". la narration sous la forme d'une longue confession confère à ce premier roman magistral de madame de duras une étonnante modernité quand il paraît en 1823.
d'autant que, sur un mode mineur qui le rend percutant, il aborde de front la question, déjà vive, de la ségrégation raciale. cette modernité perdure.
"Alphonsine, Rosine, Louise, Rosalie, Séraphin, Eulalie, Paule... couturière, ouvrière mécanicienne, institutrice, lavandière, giletière, écrivain... et ambulancière, cantinière, pointeuse d'artillerie, combattante... fusillée, emprisonnée, déportée... et salie, humiliée, oubliée... Les femmes de la Commune ont élevé le coeur de l'idéal des hommes de la Commune. Dès le 18 mars, premier jour de la révolution parisienne, au son du tocsin, les femmes et les enfants de Montmartre s'opposent vivement à l'enlèvement des canons de la butte par la troupe, obtiennent des soldats ("Vous ne tirerez pas sur le peuple ! ") la fraternisation avec la foule, entourent les soldats, arrêtent les chevaux, coupent les harnais... Privées du droit de vote et de représentation, elles ne participeront pas aux délibérations de la Commune. Organisées dans les comités d'arrondissement, les clubs, l'Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés, elles vont bousculer le paternalisme gouailleur de leurs compagnons révolutionnaires en réclamant la fin de l'exploitation, la part égale à travail égal, l'affranchissement de tous... Ce livre, chronique poétique en images, rend hommage aux Louises, citoyennes de la Commune qui ont voulu "considérer les douleurs générales de l'humanité comme rentrant dans la cause commune des déshérités" (Louise Michel)."
Zagros, enfant kurde, voit sa ville assaillie par les forces du mal et se trouve jeté sur les chemins de l'exil avec sa famille de tisserands de kilims. Les voici bientôt ballotés par les mers où les enfants perdent le sillage des parents.
Zagros grandira trop vite au fil du périple qui, du Golfe persique, le conduit à La Rochelle. Il croise les noirs desseins du capitaine Achab de Moby Dick. Le Prince Dakkar cher à Jules Verne le mène sur l'île d'Elysion où échouent les petits naufragés d'aujourd'hui et dont le gardien, Chronos, l'enserre dans sa tenaille.
Le tragique de l'exil est de tous les temps, nous dit ce roman fantastique et moderne, mythologique et littéraire, où apparaissent encore les yeux profonds comme les mers d'étonnants voyageurs et le paon sacré des Yézidis...
L'ouvrage regroupe une cinquantaine de lettres échangées entre Albert Camus et des amis d'Alger : le peintre Louis Bénisti, son frère Lucien et leurs épouses, deux soeurs nées Serfati. Exceptionnelle par son amplitude et sa précocité, cette correspondance est inédite.
En même temps qu'elle éclaire des traits connus de Camus, à commencer par sa fidélité en amitié, elle révèle des aspects bien moins documentés de sa personnalité et de ses activités : ses espoirs ou doutes de jeunesse, ses goûts esthétiques, son idée et sa pédagogie de la philosophie, ses exigences et scrupules d'éditeur.
Les lettres et fac-similés sont entrelacés de reproductions d'oeuvres de Louis Bénisti et de documents, notamment photographiques, qui nourrissent et enrichissent ce dialogue tant amical qu'artistique.
« Je n'étais pas né pour m'éparpiller sur toute la terre, m'asseoir au foyer de tous les peuples, me prosterner dans les mosquées de l'Islam, mais pour rester, plus ignorant encore que je ne suis, dans ma province natale, dans mon île d'Oleron (...) », écrit Pierre Loti au seuil de sa vie.
Né en 1850 à Rochefort, c'est à Oléron, dans la «Maison des Aïeules», qu'il sera inhumé en 1923 suivant son voeu. Dernière escale du grand voyageur au pays de sa mère d'où il a rapporté les belles pages, peu connues ou inédites, réunies ici.
Vie austère des femmes huguenotes, marais salants, scènes d'enfance heureuse, marins en bordée... Des tableaux, éclairés de documents et commentaires originaux, qui font découvrir un autre Loti, celui de l'enracinement.
Ce titre fait écho au fameux "Ici Londres" ouvrant sur la BBC l'émission "Les Français parlent aux Français" pendant la guerre. En effet, Saint-Pierre-et-Miquelon se rallie à de Gaulle dès Noël 1941, quand y débarque, peu après Pearl Harbor, la minuscule armada qu'il a dépêchée par surprise. Roosevelt, pour qui le Général n'est alors qu'un figurant, gronde, Churchill temporise et les hommes incarnant sur l'archipel la France libre tiennent bon, de l'amiral Muselier, pas encore dissident, au jeune Alain Savary, futur ministre de Mitterrand.
Un instant, Saint-Pierre-et-Miquelon est ainsi plus grand que lui-même. Puis ces îlots de l'Atlantique Nord cessent de faire la "une" à Londres comme en Amérique. Sur place, des notables, Préfet apos¬tolique en tête, entravent l'action de la France libre. Rejointe par de nombreux volontaires avant même le "coup de Saint-Pierre", elle enrôle de force, début 1944, ceux qui renâclaient encore à l'appuyer.
Il pourra ainsi être dit en 1945 que tout l'archipel était derrière de Gaulle. Il lui fera fête en 1967 lors de sa halte sur le chemin du "Québec libre".