Depuis l'Antiquité, le mythe de Pygmalion et Galatée n'a de cesse de fasciner et d'inspirer des artistes. Mais ce récit millénaire du sculpteur misanthrope, épris de la statue qu'il vient de réaliser, demeure inachevé : lorsque Galatée est transformée en être vivant par les dieux, elle est réduite au silence par les hommes. Enfin, il est temps pour elle de devenir la narratrice de sa propre histoire et ainsi de choisir elle-même son destin.
13 à table ! vous propose un voyage autour de la Terre, sur le thème : La planète et moi...
Françoise BOURDIN ;
Marina CARRÈRE D'ENCAUSSE ;
François D'EPENOUX ;
Karine GIEBEL ;
Raphaëlle GIORDANO ;
Alexandra LAPIERRE ;
Cyril LIGNAC ;
Agnès MARTIN-LUGAND ;
Romain PUÉRTOLAS ;
Mohamed MBOUGAR SARR ;
Préface exceptionnelle de Thomas PESQUET ;
Un livre acheté = 4 repas distribués ;
Inédit ;
Illustration de Riad SATTOUF ;
« Partout dans le monde, la question du genre est cruciale. Alors j'aimerais aujourd'hui que nous nous mettions à rêver à un monde différent et à le préparer. Un monde plus équitable. Un monde où les hommes et les femmes seront plus heureux et plus honnêtes envers eux-mêmes. Et voici le point de départ : nous devons élever nos filles autrement. Nous devons élever nos fils autrement. » Critique farouche de toute forme d'essentialisation - qu'elle touche le genre, la nationalité ou l'appartenance à n'importe quelle entité close et figée -, C. N. Adichie porte une voix, rare et puissante, d'émancipation.
«Le monde magnifique et horrible de Mariana Enriquez, tel qu'on l'entrevoit dans Les Dangers de fumer au lit, avec ses adolescents détraqués, ses fantômes, les miséreux tristes et furieux de l'Argentine moderne, est la découverte la plus excitante que j'ai faite en littérature depuis longtemps».
Kazuo Ishiguro, Prix Nobel de littérature.
Peuplées d'adolescentes rebelles, d'étranges sorcières, de fantômes à la dérive et de femmes affamées, les douze histoires qui composent ce recueil manient avec brio les codes de l'horreur, tout en apportant au genre une voix radicalement moderne et poétique. Si elle fait preuve d'une grande tendresse envers ses personnages, souvent féminins, des êtres qui souffrent, qui ont peur, qui sont opprimés, Mariana Enriquez scrute les abîmes les plus profonds de l'âme humaine, explorant de son écriture à l'extraordinaire pouvoir évocateur les voies les plus souterraines de la sexualité, du fanatisme, des obsessions.
Une bande de garçons de six à douze ans se trouve jetée par un naufrage sur une île déserte motagneuse, où poussent des arbres tropicaux et gîtent des animaux sauvages. L'aventure apparaît d'abord aux enfants comme de merveilleuses vacances. On peut se nourrir de fruits, se baigner, jouer à Robinson.
Mais il faut s'organiser. Suivant les meilleures traditions des collèges anglais, on élit un chef. C'est Ralph, qui s'entoure de Porcinet, « l'intellectuel » un peu ridicule, et de Simon.
Mais bientôt un rival de Ralph se porte à la tête d'une bande rivale, et la bagarre entre les deux bandes devient rapidement si grave que Simon et Porcinet sont tués. Ralph échappe de justesse, sauvé par l'arrivée des adultes.
Ce roman remarquable a un sens allégorique qu'il n'est pas difficile de comprendre : c'est l'aventure des sociétés humaines qui est tragiquement mise en scène par les enfants. Mais l'oeuvre vaut avant tout par la description de leur comportement et par l'atmosphère de joie, de mystère et d'effroi qui la baigne.
«Lorsque j'ai rencontré Ehlmann, il était debout sur le bord de la route, sa voiture garée en catastrophe sur la bande d'arrêt d'urgence, feux de détresse allumés. J'ai vu qu'il souriait, que tout son visage était tordu de larmes et de rires à la fois, j'ai pensé qu'il était fou.»Avec Les orages, Sylvain Prudhomme explore ces moments où un être vacille, où tout à coup il est à nu. Heures de vérité. Bouleversements parfois infimes, presque invisibles du dehors. Tourmentes après lesquelles reviennent le calme, le soleil, la lumière.
«Le visage de Miss Barrett était le visage las d'une malade, privée d'air, de lumière, de liberté. Le sien était le chaud visage coloré d'un petit animal; débordant de santé et d'énergie. Séparés et pourtant issus du même moule, se pouvait-il que chacun exprimât ce qui sommeillait en l'autre? Elle aurait pu être - tout cela; et lui - Mais non. Entre eux s'ouvrait le gouffre le plus profond qui puisse séparer deux créatures. Elle avait le don de la parole. Il en était privé. Elle était une femme; il était un chien. Étroitement liés, à jamais distincts, ils restaient là à s'observer. »Une biographie fictive emplie de tendresse, qui reflète avec finesse la relation touchante de Miss Barrett et de Flush, son jeune cocker. Entre eux se crée un dialogue silencieux, dépourvu de mots, mais empreint de gestes et de regards affectueux.
« Légendes saisies en vol, fables ou apologues, ces Nouvelles Orientales forment un édifice à part dans l'oeuvre de Marguerite Yourcenar, précieux comme une chapelle dans un vaste palais. Le réel s'y fait changeant, le rêve et le mythe y parlent un langage à chaque fois nouveau, et si le désir, la passion y brûlent souvent d'une ardeur brutale, presque inattendue, c'est peut-être qu'ils trouvent dans l'admirable économie de ces brefs récits le contraste idéal et nécessaire à leur soudain flamboiement ».
Matthieu Galey
Visionnaire lors de sa parution en 2001, ce recueil de nouvelles d'Olga Tokarczuk n'a rien perdu de son mordant, ni de sa pertinente actualité. Avec une espièglerie qui rappelle Nabokov, la romancière polonaise nous dévoile un quotidien truffé de portes secrètes, de miroirs traversés et d'autres distorsions de l'espace et du temps. Une année à Berlin, un séjour au Mont-Noir, un mois de résidence en Écosse, sont le point de départ de plusieurs de ces nouvelles, et l'on verra que l'anodin d'une bourse d'écriture peut conduire aux paradoxes les plus fous.
Comment les gens se comportent-ils lorsque se brouillent les frontières entre fiction et réalité ? Un écrivain surprend un matin, assis à sa table, un double de lui-même qui corrige tranquillement son dernier manuscrit... Une lectrice de romans policiers trouve le moyen d'intervenir dans l'intrigue, beaucoup trop molle, du mauvais polar qu'elle a commencé... et les morts, soudain, vont se multiplier. En séjour à Berlin, une femme d'âge moyen s'étonne de devenir quelconque dans le maelstrom de la grande ville, avant de goûter au plaisir de pouvoir être n'importe qui : tour à tour une Turque voilée, un homme d'affaires, une petite fan de Britney Spears...
À Dublin, Paris, New York ou dans le Michigan, des Américains et des Irlandais sur le second versant de leur vie se penchent sur leur passé. Comme Jonathan Bell, Ricky Grace et les autres, tous sont confrontés à une forme de solitude, de dépaysement ou simplement de rupture. Richard Ford les observe. Non sans une certaine ironie, il décrit leurs doutes et leur inconfort, met en scène leurs désarrois et recueille leurs confidences.
« J'ai retrouvé une lettre de P. dans un dossier de factures datant des années quatre-vingt. Une grande feuille blanche pliée en quatre, avec des taches de sperme qui avait jauni et durci le papier, lui donnant une contexture transparente et granuleuse. Il y avait seulement écrit, en haut, à droite, Paris, 11 mai 1984, 23 heures 20, vendredi. C'est tout ce qu'il me reste de cet homme. »Passion sensuelle, amour maternel heurté, vertiges du transfuge, écriture-révolution, hommage à Pierre Bourdieu... En douze textes, composés entre 1984 et 2006, ce recueil est une invitation à découvrir l'écriture rare d'Annie Ernaux et à s'initier, pas à pas, à ses thèmes les plus obsessionnels et fondateurs.
Un homme hospitalisé après avoir été agressé par une bande de sauvage à plumes ; Un covoitureur qui savoure la vie ; Un auteur en immersion qui fait une drôle de rencontre ; Un fossoyeur défunt possédant un troisième oeil ; Une veuve qui tricote à l'infini ; Un doux souvenir couleur rouge, goût cerise ;
Un syndrome de Stockholm à l'Élysée...
Jean-Paul Didierlaurent travaillait sur ce recueil au moment de sa mort. Ses derniers écrits sont ces sept nouvelles inédites :
« Becs et ongles », « Covoit' », « Déambulation », « Le Calepin », « Pénélope », « Rouge cerise », « Un Homme banal », complétées de nouvelles choisies parmi les vingt-six nouvelles, encore inédites, et lauréates des différents prix qu'il avait gagné.
Ces histoires délicieuses qui nous font venir l'eau à la bouche, l'écrivaine gastronome les a composées en compagnie de son ami Taniguchi. Elle nous donne le goût du Japon avec une volupté, une euphorie contagieuses. Cuisine bouddhique à Kamakura, pot-au-feu de fugu à Osaka ou fête de l'anguille à Narita, gyôza croustillants à Jimbôchô, tempuras de crosses de fougères et de pousses de lis à Ginza... Autant de restaurants que de petits quartiers, leurs spécialités et les personnages qui les animent. Car ce livre est aussi un document vivant qui nous fait comprendre le rapport des Japonais à la nourriture : mets de saison et plats de fête, recettes jalousement gardées, destins d'établissements centenaires.
Un livre alléchant, d'une merveilleuse sensualité, qui assouvit aussi bien les rêveries gustatives que la soif de connaissances sur le Japon."
À travers huit actes reproducteurs, huit générations d'une même famille sont ici mises en scène, illustrant les rapports entre les femmes et les hommes à travers les siècles. Qu'il s'agisse du désir partagé ou non, du droit de cuissage, de l'adultère, du sexe cool, du matching génétique, le lecteur est témoin de l'évolution des moeurs et des renversements sociétaux qui ont conduit de la domination masculine à l'après Me Too. Si les relations entre les protagonistes se succèdent et ne se ressemblent pas, un véritable fil conducteur les relie toutes : la fécondation, processus biologique à l'origine de la vie. Partant du cellulaire pour atteindre une dimension psychologique et émotionnelle forte, Laurent Quintreau ne cesse de surprendre et de confirmer son talent de conteur.
Dans chacune des huit nouvelles qui composent ce recueil, l'autrice met en scène des personnages en quête d'amour et de reconnaissance, destinés à méconnaître ceux qui leur sont les plus proches. Des drames de l'intime tapis dans l'ombre, qui n'attendent qu'une étincelle pour se réveiller. Entre choix audacieux et intrigues en apparence ordinaires, Joyce Carol Oates manie une prose aiguisée et pose la seule question qui vaille : les liens que l'on noue, amoureux ou amicaux, sont-ils voués à se rompre tragiquement ?
"- Le chinook, c'est un vent qu'on a là-haut et qui vient des montagnes. Ils disent qu'il ne souffle qu'en hiver. On peut alors passer facilement de -25° à 10° ou 15° au-dessus de 0 en une heure ou deux. Il fait fondre toute la neige, les routes sont complètement inondées.
Mais quand il a fini de souffler, les vieilles températures reviennent et tout recommence à geler. Quand même, les gens l'adorent. C'est comme un souffle d'été au milieu de l'hiver." En toile de fond de ces nouvelles qui parlent d'amour, de solitude et de fidélité, le chinook surgit parfois pour balayer le Montana. Avec toute sa tendresse et sa sensibilité, Pete Fromm montre comme personne combien des gens "ordinaires" sont dans leur fragilité bien plus grands qu'il n'y paraît.
Chaque année, 3000 personnes périssent en mer Méditerranée en tentant la traversée dans des embarcations de fortune. Depuis 2015, l'association sos mediterranee organise des opérations de secours grâce au navire Ocean Viking. Afin de soutenir ces sauvetages, dix-sept auteurs contemporains nous livrent un recueil de récits puissants, nous invitant à changer notre regard sur le monde.Tous les bénéfices de ce livre caritatif au contenu inédit seront intégralement reversés à SOS Méditerranée.ABD AL MALIK - JAKUTA ALIKAVAZOVIC - MURIEL BARBERY - AMINA DAMERDJI - KAMEL DAOUD - MARIE DARRIEUSSECQ - ERRI DE LUCA - JEAN-BAPTISTE DEL AMO - ANANDA DEVI - ÉRIC FOTTORINO - LAURENT GAUDÉ - MAYLIS DE KERANGAL - CAROLE MARTINEZ - FRANÇOIS MOREL - MARIE NDIAYE - WILFRIED N'SONDÉ - LEÏLA SLIMANI.Préface de JEAN-MARIE LACLAVETINE.
«Chers amis, je vous dirai tout d'abord que la scène de cette petite tragi-comédie se situe dans la charmante région de Babenhausen, et dans l'agréable ville du même nom. Vous serez ainsi amenés à vous intéresser à la chronique de la famille des Grands-Ducs de Fugger-Babenhausen. Et maintenant, voici...»Un univers merveilleux, un jeune prince novice, une princesse exubérante, un peintre séducteur et une héroïne téméraire... Au sein de ce royaume parfait, un couple princier vient bouleverser les règles de bienséance de la cour : la grossesse prématurée de la belle Ludmilla doit à tout prix rester secrète. Sur les bons conseils de l'artiste Cazotte, et protégés par la loyauté d'Ehrengarde, ils se réfugient dans une demeure isolée...
On a envie de dire : Entrez, entrez vite dans la baraque enchantée du conteur !
Machineries diaboliques, pantins articulés, leurres et aberrations piègent chaque récit, et le lecteur, littéralement sous le charme, découvre tour à tour de fabuleux paysages marins, des personnages éternels, des univers hantés.
Depuis les grands mythes affolants de l'humanité jusqu'à la plus brûlante actualité qui secoue Maghreb et Machrek, maintes époques sont brassées, maintes civilisations - avec une prédilection pour l'Orient des Mille et Une Nuits.
Forgées par une science quasi picturale de la description et conduites tambour battant par le bonheur de raconter, ces vingt-deux fictions - autant que d'arcanes majeurs dans le tarot - sont un moment de grande littérature, sur le versant flamboyant de l'imaginaire. Elles ont valu à son auteur le Prix de la nouvelle de l'Académie française.
« Liste des principes :
1. Remplis des carnets secrets et tape à la machine des pages frénétiques, pour ta seule joie.
2. Soumis à tout, ouvert, à l'écoute.
3. Essaie de ne pas être ivre hors de ta maison.
4. Sois amoureux de ta vie.
5. Quelque chose que tu sens finira par trouver sa forme propre.
6. ... » Carnet de routes sillonnant les États-Unis, petits essais sur la Beat Generation, impressions new-yorkaises, liste de principes pour écrire de la « prose moderne »... Un condensé beat en sept textes, furieux et vagabonds.
Guerre d'Espagne, sort réservé aux plus pauvres dans les hôpitaux du début du XXe siècle, vocation d'écrivain mêlée de vision politique, formes subreptices de la censure littéraire... Dans ces six textes aux multiples échos avec ses grandes oeuvres, l'auteur de 1984 et de Dans la dèche à Paris et à Londres déploie toute la force de son engagement.«Je le répète, il n'y a pas de livre dénué de préjugé politique. L'idée selon laquelle l'art ne devrait rien avoir affaire avec la politique constitue elle-même une opinion politique.»
«Je ferai, oui, l'éloge de la poésie. Sans restrictions. Sans états d'âme. Parce que la poésie n'est justement pas le lieu de la demi-mesure. Je le ferai d'une voix pleine, vive s'il le faut. Parce qu'on ne peut admettre plus longtemps, n'est-ce pas, que les poètes, malgré les révérences qu'on leur fait de loin en loin pour se disculper de la désinvolture et de l'indifférence avec lesquelles on les traite ordinairement, soient renvoyés à leur étrange petit commerce particulier qui n'aurait rien à voir avec les affaires du monde. Je veux faire l'éloge de la poésie pour tous, non pas, voyez-vous, comme un agrément, un ornement de l'existence ou le partage de je ne sais quelle distinction supérieure:comme une nécessité vitale.»
En août 1944, la Bretagne vient d'être libérée, Guilloux est enrôlé par l'armée américaine en qualité d'interprète. Il participe aux enquêtes puis aux jugements de G.I., accusés le plus souvent d'avoir violé des paysannes.Guilloux nous raconte cette troublante expérience d'auxiliaire de la justice militaire. Car si les procédures semblent formellement observées, si le droit est respecté, peu à peu, un doute, une inquiétude s'installe:on ne juge et on ne condamne que des Noirs.
Avant de devenir le célèbre dessin animé de Takahata Isao, La Tombe des lucioles est une oeuvre magnifique et poignante de l'écrivain Nosaka Akiyuki. L'histoire d'un frère et d'une soeur qui s'aiment et vagabondent dans l'enfer des incendies tandis que la guerre fait rage ; une histoire qui est celle que Nosaka vécut lui-même, âgé de quatorze ans, en juin 1945. Mais Nosaka, c'est aussi un style inimitable, une écriture luxuriante que l'on reconnaît d'abord à son brassage de toutes sortes de voix et de langues.
Une prose étonnante, ample, longue, qui réussit à, concentrer en une seule phrase des couleurs, odeurs et dialogues, secouée de mots d'argot, d'expressions crues, d'images quasi insoutenables, qui trouvent ici une beauté poétique et nouvelle.